C’est ce que souhaite la conseillère fédérale Mme Widmer-Schlumpf pour l’horizon 2050 afin de réduire les émissions de CO2 et favoriser les économies d’énergie.
Je ne peux bien sûr qu’applaudir à cette mesure et louer le courage de Mme Widmer-Schlumpf qui s’attaque à notre consommation toxicomaniaque d’énergies fossiles tout en considérant un horizon politique aussi lointain. C’est carrément du suicide.
Je me demande toutefois si Mme Widmer-Schlumpf et ses conseillers tiennent encore compte du pic pétrolier. Diverses déclarations récentes l’ont quasiment enterré, sur la base de d’arguments aussi variés qu’optimistes. On ne peut que s’inquiéter du degré ahurissant d’incertitude dans l’industrie la plus vitale pour l’avenir de l’économie mondiale, mais aussi la plus mortelle pour l’environnement[1].
Les faits rappellent heureusement que le pic du pétrole conventionnel et bon marché est derrière nous. Le litre d’essence s’est installé à presque 2 francs et l’hectolitre de mazout s’est installé à 100 francs (40 francs en 2003 ! [2]).
Les gaz de schiste, les forages arctiques rendus possibles lorsque la calotte glaciaire aura fondu par notre faute, la transformation en essence des derniers et malheureusement abondants gisements de charbon nous permettront de rouler en voiture individuelle encore plusieurs décennies mais le prix de l’essence continuera de monter.
Il montera jusqu’à ce que son prix devienne prohibitif, c’est d’ailleurs ce qu’espère Mme Widmer-Schlumpf en augmentant les taxes, et de plus en plus de gens cesseront de consommer. Ils n’iront plus se balader en voiture tous les weekend, ils ne feront plus des dizaines de micro-déplacements par semaine, ils n’amèneront plus leurs enfants à l’école en voiture, ils iront au travail à pied, à vélo ou en transport public, ils déménageront pour être plus proche de leur job ou en changeront, ils achèteront des voitures légères, ils construiront plus petit et plus facile à chauffer, ils achèteront local car moins cher, ils n’iront plus en vacances en avion, d’ailleurs les compagnies aérienne low cost auront fait faillite.
En 2050, l’essence coûtera très cher et ceux qui auront des véhicules à essence seront les militaires, la police, les services publics, les grandes entreprises et quelques riches nostalgiques. Les autres auront des vélos ou des mulets.
Et je vous garantis que, contrairement aux apparences, ce scénario est optimiste parce dans le scénario pessimiste « business as usual » nous sommes tous cuits.